312.

C'est marrant j'avais ouvert ce blog pour faire un deuil, et alors que je ne m'en servais plus trop, voilà qu'un autre deuil m'oblige à revenir ici.
Cela fait maintenant trois semaines que Ludo est mort. Je croyais avoir bien encaissé, mais hier m'a vu en larmes devant mes macaronis. Je ne sais pas trop quoi faire pour que ça aille mieux, mais le truc justement c'est que je crois qu'il n'y a rien à faire. Il faut juste attendre.
Au début j'ai pleuré d'incrédulité, la scène était tellement épouvantable. Les célébrations de l'enterrement, nous étions le regard vide et l'esprit aussi, les gens nous trouvaient digne, tu parles. Nous avons quasiment tous vu, l'instant heureux qui se transforme en cauchemard!
Après j'ai pleuré pour la peine des autres, sa veuve de mon âge, ses deux petites filles, son frère et sa sœur, ses parents...
Et après je croyais que c'était bon, que j'avais encaissé le plus gros. Qu'il ne restait plus que le traumatisme d'avoir été la première à faire le massage cardiaque et tous ces trucs qu'on apprend en rigolant à l'AFPS.
Ben non, Ludo me manque à moi aussi. Son absence laisse un trou tellement gros que je ne sais pas comment on va faire.
Tout m'est revenu hier, quand un gars a attrapé une fille par la taille et que celle-ci s'est penchée en arrière pour qu'il lui fasse la bise.
Vous comprenez, je n'ai pas de grand frère, mais j'ai des grands cousins. Et c'est bon d'être chouchoutée ainsi, avec familiarité mais sans ambiguitées, c'est bon cette relation tendre que nous avons. Mais Ludo ne sera plus dedans. Ludo ne me taquinera plus jamais, plus jamais nous ne ferons le concours de la blague de l'année, plus jamais je n'aurais une chance de le connaître mieux.
Avec Mamie c'était plus facile parce que c'est dans l'ordre des choses. Mais même là c'était dur.
Sur le mur de ma cuisine j'ai affiché les photos de tous mes morts de l'année, il y en a qui disent que c'est morbide, mais je m'en fous. J'aime les savoir là, à côté.
Sauf Ludo, je n'y arrive pas...