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Comme d'habitude, tout arrive en même temps et j'ai des milliers de choses à faire. Je suis une femme d'affaires.
Mon agenda en ligne, mon chat et mon mail clignotent sans arrêt et me sauvent d'une faillite certaine si...
C'est assez marrant, ce jeu. Où tu gagnes une manche tu en perds deux. Où la plupart du temps tu joues seul. Où les partenaires sont avec toi contre la banque.
Quelquefois je me permets un petit plaisir, une escapade en rêve. Alors vendredi j'ai commandé l'album des Goodshoes que je kiffe sa race tellement c'est trop bien et dont j'ai - comme une grosse naze - loupé le concert parce que j'avais perdu les places.
Et là, la grande classe: en PLUS du téléchargement je reçois les CD (introuvables) et plein de goodies par la ROYAL MAIL! yeah! Ce serait la reine d'Angleterre qui aurait collé le timbre que je serais autant aux anges.
Et puis aussi j'aime bien les discussions avec F.
Et puis, puisqu'on en est à faire des listes, j'aime bien aller au resto le midi dans des recoins abandonnés de ma ville mais où que c'ets trop bon.
Et puis, et puis...
Je dois dire que je me découvre une endurance insoupçonnée. L'idée d'être bientôt mon propre patron, de décider - enfin! - et d'être dans l'action me galvanise. Juste en y pensant je repars efficace.
Donc, de pauses? Nicht. De conversations badines? Point. D'après-midi à refaire le monde? Dans tes rêves.
J'ai plus le temps pour toi ami qui geins. C'est malheureux. J'ai plus trop le temps qu'on discute de toi ami-à-problèmes. Pas que j'en aie, des problèmes. Mais j'ai pas assez, là, pour vivre ta vie en plus de la mienne.
Et que s'est-il passé depuis janvier? Où sont-ils partis tous ceux, tout ceux-là qui m'aimaient?
Mais c'est bon quand même et je ne laisserai personne me gâcher ce bonheur tout neuf, ces projets qui brillent comme un soleil à l'horizon marin où t'as qu'une envie c'est prendre un apéro sur un bateau à ce soleil déclinant. Jouissif. T'as envie que de le partager tellement c'est bon.
Ensuite il y a une difficulté supplémentaire, ce sont ceux qui t'aiment et qui sont là. Ils y croient, ils te trouve beau/belle d'avancer dans la brise thermique du soir à la barre de ton navire, eux ils se proposent juste de doser les ti-punch. Il sont à fond derrière toi. Et puis quand même tu vois, dans leur regard, l'incompréhension. Ils te posent des questions, pour comprendre tu crois. Alors tu te lances avec force explication dans le coeur de l'histoire, et tu expliques tes doutes, et tes hésitations. Et là, ... catastrophe. Ils s'engouffrent dans la brèche.
"Tu sais, n'y vas pas si tu n'es pas sûre. Tu peux toujours revenir en arrière. Mais tu auras tes bureaux? Non, parce que ça ne vas pas durer toujours cette histoire. Ah bon, mais financièrement? Comment tu feras pour les contrats? Je connais un mec qui..."
Et voilà. Tu fais machine arrière. Tu dis, non, non, j'ai tout calculé, c'est vrai que je flippe un peu mais, et là je ferai comme ça,... Mais trop tard ils insistent.
Je crois - j'en sais rien hein - je crois que ça fait ça aux jeunes parents assommés de conseils sur l'éducation. Ou alors aux chercheurs d'emplois - j'ai plus d'expérience là - qui demandent des avis sur leur CV.
Tout ça pour dire: Merci F., merci ceux qui partagent l'enthousiasme gratos, ceux qui ne me mettent pas leurs peurs, leurs projets avortés, leurs complexes, leurs envies pas satisfaites, et toutes ces autres merdes dans ma face.
Merci ceux qui me laissent tracer ma route et se contentant d'être contents, sans vouloir m'imposer les chemins convenus et balisés par eux ou d'autres. Merci à ceux qui m'aiment pour rien, gratos, juste pour ma belle gueule et parce que c'est moi.
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