249.

Mes premiers cartons sont faits. Chez moi n'est désormais chez moi que pour quelques jours, quelques semaines.
Ce n'est déjà plus chez moi, c'est le bordel. Je n'arrive pas à aller me coucher sans que tout soir rangé, sans que tout ressemble au foyer que j'ai connu. Me sentir encore une fois en transit est au delà de mes forces. Même pour une nuit.
J'aimerais déménager d'un coup, sans m'en rendre compte, et être déjà chez moi ailleurs. je ne suis pas prête, je ne suis pas prête! Il m'a fallu tellement de temps pour qu'ici soit ma maison, et je pars déjà!
J'ai choisi le rideau de douche et posé les étagères, j'ai monté mon lit avec peine en portant chaque pièce en haut de l'escalier. Chaque détail et chaque carte au mur, c'est moi.
Un gars de CS m'a contacté pour un hébergement, il va peut être venir ce week end et je lui en veux presque de me retirer ces derniers instants.
Remarque il a l'air cool.
Il m'a invitée ce soir à boire un pot avec ses potes, et j'ai décliné. Je me suis dit: c'est trop loin, je suis fatiguée, je suis bien toute seule ce soir. J'ai dit: c'est un peu loin, on se voit demain si tu veux?
La vérité, c'est qu'il me fait envie et peur. Envie, parce que c'est la vie que je menais: des aventures, l'inconnu, des rencontres et des nouvelles têtes. Je connais cette vie là et je sais ce qu'elle a d'enivrant, de magique, de vivant. Et puis aussi j'ai peur. Parce que je n'ai quand même pas fait tout ce chemin pour ça, pour revenir au point de départ?
Alors j'ai dit non, c'est trop loin. Je ne veux pas encore d'une nuit d'ivresse et d'oubli. J'ai fini de tourner les pages encore et encore. Là, je me pose, je prend le temps.
C'est ce qu'on avait décidé Gann souviens toi c'était le plan. Pas trop vite, et les vieux amis d'abord.
Demain je dois passer l'après midi à chiner avec cette amie qui ne va pas bien. Mais ce serait tellement plus amusant de rencontrer cet inconnu! Le voilà qui insiste le bougre. Encore un texto.
Que veux-tu Gann je suis futile. J'aime ces jeux débiles et sans gagnant. Et sans lendemain et sans même début ni fin, juste le moment magique où l'on voit où l'on rit, où l'on dévoile où l'on fuit. Je suis maître à ce jeu et il est sans douleur. Et j'aime me jeter seule dans la fosse aux lions, ça évite les dommages collatéraux.

Alors, demain, elle ou lui? Je suis si faible que j'en ris. C'est toujours pareil.